Audition comédiennes pour le prochain spectacle La Boîte, écrit et mis en scène par Nicolas Gachet, la compagnie de théâtre recherche:
2 comédiennes - danseuses entre 20 et 30 ans
Clémence et Mathilde sont soeurs jumelles, mais ne se voient jamais. Clémence débarque un soir chez sa soeur, qui lui propose de s’installer temporairement chez elle. En huis clos, dans le minuscule appartement de Mathilde, se déploient les racines d’une relation malade, rongée par le passé. Quelques semaines plus tard, Mathilde décède brutalement dans un accident de voiture. Clémence se retrouve seule, chez sa soeur, avec le cadeau d’anniversaire qu’elle lui a laissé, une boîte qu’elle se refuse d’ouvrir, mais a qui elle se met à parler.
La pièce questionne la notion de fantôme, sa nature contradictoire, à la fois absence et présence, comme une réminiscence de ce qui n’est plus. Elle aborde à travers ces questions les thèmes de la gémellité, du deuil, et de la folie.
Il s’agit d’une création interdisciplinaire mêlant la magie nouvelle au théâtre. De l’expérience et/ou un intérêt pour la magie seront appréciés.
Clémence: Jeune femme brillante, intellectuelle. Débarque chez sa sœur, à l’improviste après 3 ans d’absence. A des problèmes d’argent et cherche un refuge et de l’inspiration pour écrire son premier roman. On apprend au fil des scènes qu’elle est à l'origine d’un accident qui a grièvement blessé sa jumelle dans leur enfance. Elle est l’incarnation de la solitude. Colère, frustration, culpabilité et déni la mèneront petit à petit vers une folie salvatrice, toujours avec l’immense amour qu’elle a pour sa sœur, qu’au fond, elle jalouse.
Mathilde: Jeune femme établie. Danseuse professionnelle. Elle retrouve sa jumelle après 3 ans d’absence. Généreuse, premier degré voire parfois naïve, perfectionniste, chaleureuse. Elle exprime beaucoup par le corps. Elle incarne, dans la moitié de la pièce, une voix dans une boîte qui s’adresse à sa sœur. Cette voix est parfois douce et détachée, parfois toxique et destructrice. Dans une scène, Mathilde intervient sous l’apparence d’un fantôme monstrueux pour faire sortir sa sœur du déni.
Répétitions: défrayées. 3 résidences de 2 semaines avec l’équipe de création, courant 2023.
Représentations: rémunérées en cachets. Première prévue en octobre 2023.
Pour candidater, merci d’envoyer avant le vendredi 9 décembre les éléments suivants:
Vous pouvez nous envoyer vos candidatures par mail à l’adresse suivante:
En précisant dans l’objet du mail le rôle pour lequel vous candidatez (MATHILDE ou CLEMENCE), suivi de vos NOM - PRENOM.
A l’issue d’une première sélection, nous organiserons un 2nd tour d’audition en présentiel à Paris. Nous vous recontacterons la semaine du 12 décembre pour vous communiquer les résultats et la date du 2nd tour (janvier 2023).
Clémence est assise dans le canapé, son ordinateur sur les genoux. Elle tape de temps en
temps quelques mots, efface. Mathilde répète une chorégraphie, et danse dans tout
l’appartement. Clémence jette des coups d’oeil à sa soeur, l’air mécontente. Son
agacement augmente au fur et à mesure. Mathilde ne la remarque pas, elle est
concentrée.
CLEMENCE: Math ?
Mathilde ne réagit pas, elle a de la musique dans ses écouteurs.
CLEMENCE: Math ? (Un temps.) Mathilde ? (Elle abandonne pour un temps, se focalise
sur l’ordinateur, avant de craquer.) SERIEUSEMENT ?
MATHILDE: Hein ? Quoi ?
CLEMENCE: C’est pas possible !
MATHILDE: Qu’est ce qu’il y a ?
CLEMENCE: Je peux pas me concentrer, tu gesticules comme ça devant moi sans arrêt !
MATHILDE: Tu plaisantes ?
CLEMENCE: J’ai une tête à plaisanter ?
MATHILDE: J’ai mis mes écouteurs pour pas te déranger avec la musique, tu veux quoi
de plus?
Clémence ne répond pas. Elle se replonge dans son écriture avec un air noir.
MATHILDE: Pourquoi tu prends pas ma chambre ? C’est petit mais c’est plus calme. Moi
j’ai pas la place pour répéter dedans. Sinon tu peux aussi sortir dans un bar, c’est pas ça
qu’ils font les poètes maudits ?
CLEMENCE: Je peux pas ! Tu comprends rien ! Je peux pas me concentrer s’il y a du
bruit tout le temps, ou du mouvement autour de moi. Et ta chambre elle m’angoisse avec
toutes tes babioles de tour du monde. Je vais me fracturer la rétine ou partir en crise
d’épilepsie.
MATHILDE: Je vais faire ce que je peux, mais danser sans faire de mouvements, c’est
compliqué…
Clémence se remet à taper sur son ordinateur, avec le même air noir. Mathilde remet ses
écouteurs, et reprend sa chorégraphie. Un temps. Clémence la regarde, comme fascinée.
Le crescendo de la danse continue et Mathilde finit sa chorégraphie dans une pose
majestueuse. Clémence se retourne vers la télévision avant qu’elle ne remarque son
regard. Elle enlève ses écouteurs, reprend son souffle, et boit de l’eau dans sa tasse
posée sur la table.
MATHILDE: Tu fais une pause ?
Clémence ne répond pas, elle fixe la télévision.
MATHILDE: Clem ! Je suis désolée, mais je fais pas ça pour m’amuser, je travaille.
CLEMENCE: Et moi je fais ça pour m’amuser ? C’est pas mon travail peut être ?
MATHILDE: Bien sur que si, mais…
CLEMENCE: Non, évidemment c’est moins important…
MATHILDE: Arrête ! J’ai pas dit ça !
CLEMENCE: C’est bon t’as fini ? Je vais pouvoir bosser tranquillement maintenant ?
MATHILDE: Désolée, j’ai besoin de la refaire encore une fois.
CLEMENCE: T’es sérieuse là ? Ça fait 2 heures que tu tournes dans tout l’appart, tu la
connais ta choré, non ?
MATHILDE: Non ! Je peux pas me planter, l’audition est dans deux jours.
CLEMENCE: Ah bon, alors pardon je te laisse tranquille. La danse, ça ça demande de
l’exigence…
MATHILDE: J’avais oubliée comment tu pouvais être (retient le gros mot )
CLEMENCE: Oui ?
MATHILDE: Rien.
CLEMENCE: Mais non, non, vas y, balance.
(…)
Cet extrait intervient vers la fin de la pièce. Clémence est épuisée. Elle a vécu dans la
scène précédente un « cauchemar » avec le fantôme de sa soeur, qui lui a permis
d’extérioriser sa culpabilité vis à vis de la mort de cette dernière, non sans violence. Elle
est chamboulée, vidée, à nu.
CLEMENCE: Je l’aime déjà ton cadeau. Je sais que c’est quelque chose que je vais
adorer. Mais tant qu’elle reste fermée, tu as encore une surprise à me faire. T’as toujours
été douée pour faire des cadeaux, pour trouver la petite attention, le petit clin d’oeil qui
surprend, qui touche. Moi je sais jamais quoi offrir. Pourtant, quand tu m’as dit que cette
boîte était le plus beau cadeau que je t’avais jamais fait, ça m’a même pas étonné. C’est
la seule fois que je t’ai dit que je t’aimais, de toute ma vie. Toi, ma soeur jumelle. J’ai peur
de ce que je vais trouver dedans si je l’ouvre. J’ai peur que ça me dévaste.
Un temps. La lampe suspendue au dessus d’elle s’éteint, puis se rallume.
CLEMENCE: J’ai pas les mots pour te dire à quel point je suis désolée.
La lampe oscille et grésille. Clémence la remarque, et rit.
CLEMENCE: Tu te sens bien ?
La lampe fait oui.
CLEMENCE: C’est comment où t’es ?
La lampe reste immobile. Clémence rit.
CLEMENCE: Tu peux pas en parler ?
La lampe reste immobile.
CLEMENCE: Je comprends. Tu te sens libre ?
La lampe fait oui. Silence
CLEMENCE: Tu danses ?
La lampe fait oui et tourbillonne comme si elle dansait. Clémence pleure et sourit.
CLEMENCE: Tu penses à moi ?
La lampe fait oui
CLEMENCE: Tu m’en veux ?
La lampe reste immobile.
CLEMENCE: Tu m’en veux ?
Au début de cette scène, Mathilde, en dansant dans l’appartement, casse par mégarde
une boule à neige appartenant à Clémence et à laquelle elle tenait beaucoup. Une dispute
éclate, jusqu’à l’explosion de Clémence.
(…)
CLEMENCE (En hurlant): Je veux pas de tes sarcasmes sur mon ex, je veux pas de tes
remarques inquisitrices sur ce que j’écris, ni de ton aide ou de tes conseils à la con, ni de
tes lamentations sur ton travail tellement plus important que le mien, je veux juste que tu
me FOUTES LA PAIX !
Un temps
MATHILDE (choquée): Tu t’es vu là ? C’est un comportement normal ça ? Ecoute moi
bien, tu me reparles encore une fois comme ça et tu vires d’ici, c’est clair ? T’as peut être
pas besoin de moi ni de mes conseils à la con, mais t’as clairement besoin d’aide. T’es
complètement parano sérieux.
Un temps
CLEMENCE: (vexée) Très bien je me casse vu que je suis de trop !
MATHILDE: Mais c’est pas vrai… Non, tu restes. (radoucie) Mais faut que t’arrêtes de
t'énerver à chaque fois que je te dis un truc… On peut juste se parler normalement ?
C’est possible ça ? Je m’excuse pour ta boule a neige.
Clémence se rassoit.
CLEMENCE: Je galère en ce moment.
MATHILDE (avec douceur): Merci pour la confirmation. Mais tes crises d’hystérie c’est
pas juste en ce moment. Et la boule à neige, elle y est pour rien.
CLEMENCE: Allez, c’est reparti.
MATHILDE: Oui c’est reparti, t’as jamais voulu l’admettre.
CLEMENCE: Admettre quoi ?
MATHILDE: Que t’as un truc avec moi.
CLEMENCE: Parce que toi t’as pas un truc avec moi peut être ?
MATHILDE: C’est pas moi que maman a envoyé chez un psy à sept ans…
Un temps. Clémence est touchée.
MATHILDE: Ok, pardon. J’aurais pas du dire ça. Je sais que c’était un accident. Oublie ce
que j’ai dis sur le psy c’était pas cool. J’avoue. Et je vais te racheter une boule à neige.
Clémence soupire.
MATHILDE (taquine): Parce que je peux te dire qu’après ce qui vient de se passer, tu vas
l’avoir ta boule à neige !
Clémence rit timidement.
MATHILDE: Y’avait quoi dedans d’ailleurs ?
CLEMENCE: Dans quoi ?
MATHILDE: Bah dans la boule à neige !
CLEMENCE: (caustique) De la neige…
MATHILDE: Sans blagues ! Mais encore ? Une tour Eiffel ? Un père Noël ? Un truc
mignon avec des poils ?
CLEMENCE: Un ours polaire… Il me l’avait ramené du Canada…
MATHILDE: Ah… Le Canada… Tu l’aimes ton Canada, hein ? Ecoute, je vais aller sur
internet, et t’acheter directement importée du Canada une boule à neige made in China
avec un ours polaire. Ça te va ?
CLEMENCE: Ça me va. Désolée pour tout à l’heure, je crois que je suis fatiguée, il me
stresse ce roman.
MATHILDE: Je m’abstiendrai de tout conseil sur la gestion du stress…
Clémence sourit.
MATHILDE: Mais je dirai simplement que c’est une heure raisonnable pour aller dormir.
On a beau être des couche-tard dans la famille, y’a des limites…
Clémence regarde la pendule.
MATHILDE: Ça t’embête si je danse encore un peu moi ?
CLEMENCE: Non non ça va. Ça a l’air d’être du lourd cette audition…
MATHILDE: Ouai on peut dire ça… Le jour de notre anniversaire… Tu crois que ça porte
chance ?
CLEMENCE: C’est jeudi ? Déjà ? J’avais pas réalisé qu’on le fêterait ensemble cette
année.
MATHILDE: Et ça te fait pas plaisir ?
CLEMENCE: Si, au contraire. Et t’inquiète pour l’audition ça va le faire.
MATHILDE: Mais… mais c’est qu’elle deviendrait presque gentille ! Moi aussi, je suis sûre
que ça va le faire, tu vas trouver l’inspiration, tu verras.
Clémence sourit et se couche sur le canapé.
MATHILDE: Bonne nuit clémente-Clémence !
CLEMENCE: Bonne nuit.
Dans cet extrait, la voix de Mathilde sort de la boîte. La comédienne dira son texte depuis
un micro situé dans les coulisses (avec vue sur le plateau). Pour la selftape vous pouvez
donc vous filmer, mais privilégiez votre interprétation vocale.
Cette scène est le début du « cauchemar » que s’apprête à vivre Clémence. La voix dans
la boîte devient donc de plus en plus monstrueuse et effrayante.
(…)
CLEMENCE: Il referme les yeux, et les flocons effleurent son visage, ses joues, ses lèvres
et ses paupières. » (à la boîte) C’est son rêve. Celui qu’il fait toutes les nuits.Tu trouves ça
comment ?
LA BOÎTE: Qui voudrait lire ça ?
Clémence se fige, choquée.
LA BOÎTE: Pour qui tu écris ? C’est juste ton journal intime ?
CLEMENCE: Qui voudrait lire ça ? Non ! Y’a plein de gens qui pourraient se reconnaitre
dans cette histoire. C’est plus que ça, c’est…
LA BOÎTE: Ça manque de rythme, tes images sont pauvres, simplistes, c’est naïf,
mielleux, mièvre. Médiocre. Et ce n’est pas de la neige qui tombe.
CLEMENCE: Comment ça ?
LA BOÎTE: C’est juste du sable.
CLEMENCE: Hein ?
LA BOÎTE: L’image que tu vois sans arrêt. Un visage dans le sable. Celui d’une petite fille
étendue sur la plage. (sarcastique) Et à contre jour dans la lueur du crépuscule, la
silhouette inerte de la petite fille qui ne respire pas.
CLEMENCE: Mais tu respirais ! Tu respirais !
LA BOÎTE: Parfait. Continue à te cacher derrière ton roman minable.
CLEMENCE: Je t’ai vue ! Tu respirais…
LA BOÎTE: Cleeeeeemmmmmennnnceeee ? C’est l’heure d’ouvrir ton cadeau !
Autour de Clémence, et sans qu’elle ne le remarque, des objets se mettent à bouger: les
chaises, la tasse posée sur la table, les bibelots sur l’étagère…
Clémence se recroqueville sur elle même.
LA BOÎTE: Ouvre ton cadeau. (un temps) OUVRE LE !
CLEMENCE (hurlant): NON !!!
La télévision s’allume, on entend la chanson du Chapelier Fou et du Lièvre de Mars.
LA BOÎTE: Et après l’accident de voiture ? Je respirais aussi ? Comment est ce que je
suis morte ? Qu’est ce qui s’est passé cette nuit là ?
CLEMENCE (pleurant): Tais toi, s’il te plait…
LA BOÎTE: Dis le !
CLEMENCE: Math, je t’en supplie….
La Boîte se met à rire de manière hystérique.
CLEMENCE: ARRETE !
Elle se lève, et s’approche de la boîte sans la toucher.
CLEMENCE (hystérique): Tu veux que j’ouvre cette putain de boîte ? C’est ça que tu
veux ? C’est ça que tu veux ? C’est ça que tu veux ?
LA BOÎTE: Tu ne l’ouvriras pas je le sais. Regarde toi.
CLEMENCE: Pourquoi tu me dis ça ? C’est pas toi, d’être cruelle comme ça.
LA BOÎTE: De nous deux c’est toi qui aurait du mourir.
(…)