Le cinéma français accueille une nouvelle pépite avec la sortie de Barbès Little Algérie, premier long métrage du réalisateur Hassan Guerrar, le 16 octobre 2024. Ce drame social, porté par la performance saisissante de Sofiane Zermani, également connu sous le pseudonyme Fianso, nous plonge dans une immersion authentique et intime au cœur de Barbès, ce quartier emblématique de la communauté algérienne à Paris.

Un film puissant sur les racines et la réconciliation
Dans Barbès Little Algérie, Malek, interprété par Sofiane Zermani, est un quadragénaire solitaire qui emménage à Montmartre après une période difficile. L’arrivée de son neveu Ryiad, tout juste débarqué d’Algérie, va bouleverser son quotidien. Ensemble, ils découvrent et redécouvrent Barbès, ce quartier vibrant qui représente à la fois le foyer et l’exil pour la diaspora algérienne. Ce lieu, coloré et animé malgré les difficultés apportées par la crise sanitaire, devient un décor propice à l’exploration de l’identité, des origines et du deuil.
Le film traite de la quête de réconciliation de Malek avec son passé, une tentative de renouer avec ses racines après des années d’éloignement. À travers ses rencontres avec les personnages du quartier, il entame un voyage introspectif où la redécouverte de sa culture et la transmission familiale sont au centre. L’histoire prend place durant une période marquée par le confinement et le Ramadan, donnant une profondeur supplémentaire aux relations humaines qui se tissent et se réparent dans un contexte où l’isolement est omniprésent.
Une réalisation soignée sous l’œil de Hassan Guerrar
Hassan Guerrar, réalisateur de ce premier long métrage, est une figure bien connue dans le milieu du cinéma, ayant œuvré pendant trois décennies comme attaché de presse pour des films iconiques tels que La Haine, La Vie d’Adèle, et Indigènes. Avec Barbès Little Algérie, il passe de l’autre côté de la caméra et signe une œuvre à la fois intime et universelle, en coécriture avec Audrey Diwan, lauréate du Lion d’or pour L’Événement.
Audrey Diwan apporte son talent de scénariste à ce film, et sa collaboration avec Guerrar insuffle une sensibilité et une profondeur aux personnages. Le scénario évolue avec subtilité, passant de la chronique à un drame poignant, tout en offrant un regard empreint de tendresse et de mélancolie. Le film ne se contente pas de raconter une histoire, il capture une tranche de vie, un instantané d’une communauté en pleine mutation.
Des acteurs au sommet de leur art
Sofiane Zermani livre ici une prestation émotive et nuancée, bien que incarnant un personnage vulnérable il est fort. Aux côtés de Fianso, Khalil Gharbia, qui incarne Ryiad, apporte une fraîcheur et une énergie contrastant avec l’intériorité de Malek. Le film réunit également Khaled Benaissa, acteur algérien reconnu, Adila Bendimerad, figure emblématique du cinéma maghrébin, et Eye Haidara, révélée dans Le Sens de la fête. La distribution est enrichie par la participation de Clotilde Courau et du chanteur Soolking, dont la présence vient souligner la connexion entre les générations et les cultures.

Un hommage à Barbès et à aux habitants de Little Algérie
Le quartier de Barbès n’est pas seulement un décor dans Barbès Little Algérie, il est un personnage à part entière. La caméra de Hassan Guerrar capte la vie de ce quartier avec un réalisme vibrant, oscillant entre l’agitation des rues et les moments plus calmes de réflexion personnelle. La représentation du quartier est un hommage aux habitants, à leur résilience et à la force des liens communautaires dans un Paris en pleine mutation.
Le film, bien que situé dans une période post-confinement, ne se contente pas de se pencher sur les séquelles de la pandémie. Il interroge sur des thématiques plus vastes telles que l’identité, le déracinement, l’appartenance, et la transmission entre les générations. L’arrivée de Ryiad dans la vie de Malek symbolise ce lien complexe entre le passé et le présent, entre un pays laissé derrière et une ville qui ne cesse de changer.
Un premier film maîtrisé et émouvant
Pour un premier long métrage, Hassan Guerrar démontre une maîtrise impressionnante de la mise en scène, évoquant parfois le style d’Abdellatif Kechiche, avec qui il a souvent collaboré. La caméra suit les personnages avec une proximité qui renforce l’intimité de chaque scène, tout en laissant respirer les moments de silence et également de réflexion. Barbès Little Algérie se distingue car son réalisme et sa capacité rendent visible l’invisible : les sentiments enfouis, les peines partagées et les espoirs renouvelés.
Le film est une chronique sociale, certes, mais c’est surtout une œuvre profondément humaine, traversée par des instants de grâce, où la douleur du déracinement côtoie la douceur des retrouvailles avec soi-même. Les dialogues, souvent minimalistes, laissent place aussi aux regards, aux gestes, aux non-dits qui en disent long sur les personnages.
Pourquoi faut-il absolument aller voir « Barbès Little Algérie » ?
Avec Barbès Little Algérie, Hassan Guerrar signe un film aussi bouleversant que nécessaire. Sofiane Zermani, dans le rôle de Malek, offre une performance mémorable qui marque un tournant dans sa carrière d’acteur. Cette chronique sociale touchante, portée par des interprétations sincères et une réalisation subtile, capture l’essence de Barbès et de ses habitants, tout en abordant des thèmes universels tels que l’identité, la mémoire, et la résilience. À découvrir absolument au cinéma.
Bande annonce du film « Barbès Little Algérie »
Rien que la bande annonce mérite un Oscar de la meilleure bande annonce :