La duplication 3D ou le scanner inquiète les figurants, ont ils raison ? Le métier de figurant au cinéma est menacé par les avancées technologiques, en particulier l’intelligence artificielle. Des témoignages récents de figurants inquiets révèlent que la duplication 3D, une pratique émergente sur les plateaux de cinéma, pourrait bien sonner le glas de leur profession. Dans un article récent publié par Marion Bothorel pour France Télévisions le 25 octobre 2023, plusieurs figurants ont partagé leurs préoccupations quant à l’avenir de leur métier, qui était déjà fragilisé par l’évolution technologique. Les risques pour la figuration dans l’industrie cinématographique sont multiples, allant de l’exploitation non autorisée de leur image à la réduction de leurs cachets.
La duplication 3D ou scanner des figurants pose un problème juridique
Des nouvelles pratiques inquiétantes que les productions tentent de minimiser.
La duplication 3D, ou « scanner » des figurants, consiste à capturer numériquement leur apparence physique pour une utilisation ultérieure dans des effets spéciaux ou pour créer des foules virtuelles. Dans ces témoignages, trois figurants ont révélé avoir été soumis à cette pratique sans leur consentement explicite. Par exemple, Lucien, acteur sur le tournage du « Comte de Monte-Cristo, » a été photographié devant un écran vert, ignorant que ces images seraient utilisées pour créer sa copie numérique. Astrid a également subi le même sort sur le plateau d’un biopic du général de Gaulle.
Grâce à l’intelligence artificielle il n’y aura bientôt plus besoin de figurants
Ces pratiques suscitent des inquiétudes parmi les figurants, qui craignent d’être « utilisés sans le savoir » et de voir leurs doubles 3D apparaître dans d’autres films sans leur consentement. La pratique est répandue et peut servir à créer des foules virtuelles, mais les figurants s’interrogent sur la transparence des productions et leur intention.
L’Association des chargés de figuration et de distribution artistique (ACFDA) a été contactée par plusieurs figurants qui se sont sentis lésés par cette pratique. Cependant, les productions considèrent la duplication 3D comme un procédé courant pour les effets spéciaux et affirment qu’aucun visage n’est reconnaissable à l’écran.
Vous êtes figurants et on vous demande un scanner ou une duplication 3D refusez !
Même si aucun visage n’est reconnaissable sur un tournage comme figurant vous ne devez travailler que comme figurant. Si on vous demande une captation 3D ou un scanner refusez si ce n’est pas prévu dans votre contrat. Refusez aussi si c’est écrit mais également sans compensation financière ! D’autant plus que ce genre de pratiques semblent se faire en fin de journée. A un moment où vous êtes fatigué et n’avez qu’une chose en tête : Rentrer chez vous !
Sachez que rien ne vous y oblige. L’accepter c’est laisser faire des pratiques qui ne pourront que nuire au statut des acteurs de complément.
Cependant l’ACFDA bien que sensible à la question n’est pas un syndicat, seules les organisations officielles le sont. Le SFA est le syndicat professionnel des artistes dramatiques, chorégraphiques, lyriques, de variété, de cirque, des marionnettistes et des artistes traditionnels. Il est affilié à la Fédération du Spectacle CGT et à la Fédération Internationale des Acteurs. La problématique est qu’il représente les artistes interprète, la figuration n’étant pas reconnue comme un métier. Ce sont des acteurs de complément, peu obtiennent un statut d’intermittent du spectacle en n’étant que figurant.
Existe t’il un syndicat des figurants ?
On en a bien trouvé un sur la toile le SNACCT mais il ne semble pas actif à part un site internet qui semble péricliter. Ils ont bien un manifeste, voir ci-dessous, mais pas d’autres traces sinon cette page sur Free. Il existe aussi une page de la fédération des syndicats du spectacle et de l’audiovisuel de la CGT mais rien concernant un syndicat des figurants. Néanmoins ils semblent les mieux à même pour vous représenter alors on vous donne leur adresse et leur numéro de téléphone.
Fédération des syndicats du spectacle et de l’audiovisuel
14-16 rue des lilas
75019 Paris
0148038760
Manifeste du SNACCT :
Les acteurs de complément ou figurants, représentent le plus bas niveau de salaire, de cachet, de qualification, et de reconnaissance sur un plateau.
Ils sont sans visage, ils sont « la foule ».
Au point que certains pensent, et soutiennent que cela ne peut être une profession, tout au plus une activité d’appoint.
Est ce que cela autorise les différentes atteintes au code du travail et aux conventions collectives que l’on peut constater ?
En l’absence de représentants syndicaux est ce que l’augmentation des contraintes, les diminutions des cachets, l’ostracisme vis à vis de cette catégorie, vont continuer à empirer ?
Ces anomalies que nous voyons tous les mois, voire toutes les semaines sur les tournages avec certaines productions, méritent d’être relevées, si possible corrigées, et s’il le faut dénoncées et combattues jusque devant les tribunaux.
Car s’il s’agit rarement d’une profession, il s’agit toujours d’un travail. C’est précisément parce qu’il est précaire, modeste, transitoire, que ce travail doit être défendu par notre syndicat.
Le SNACCT existe pour cet objectif.
Des procédés qui entrent dans le champs d’application des droits à l’image ?
Le problème réside dans le manque de communication et de transparence. Les figurants craignent que leurs images ne soient utilisées au-delà des scènes pour lesquelles elles ont été capturées, et que leurs cachets ne soient pas adaptés à l’utilisation ultérieure de leurs doubles numériques.
La question juridique est de savoir si l’image des figurants est réutilisée et comment en contrôler l’utilisation ? Comment s’assurer que l’utilisation n’ouvre pas des droits à rémunération sur l’image du figurant. Même si le visage n’est pas reconnaissable lors d’une utilisation future notre avis est qu’une compensation financière doit exister. La production fera des économies de recrutement de figurants sur des scènes futures. L’autre question est sur le stockage des images et information du figurant. N’hésitez pas à interroger la cnil si vous avez été scanné sur un tournage.
Aux USA les syndicats ouvrent la brèche de la compensation
La généralisation de ces pratiques inquiète le milieu du cinéma. Aux États-Unis, le syndicat des acteurs SAG-Aftra s’oppose à une proposition des producteurs permettant la numérisation des figurants sans leur consentement. Soulignant que cela permettait aux sociétés de production d’utiliser ces images à leur guise sans compensation adéquate. Les figurants, quant à eux, continuent de percevoir des cachets standard, ce qui suscite des inquiétudes quant à l’équité et à la rémunération équitable.
A l’Hollywood la révolution est en marche. On propose déjà aux figurants d’acheter leur image pour la reproduire sur commande via l’intelligence artificielle.
Quand est il en France où la défense des droits des travailleurs figurants est inexistante ?
Attention aux clauses de vos contrats de figurant
La question de la protection des données sensibles des figurants, telles que leurs images, est également soulevée. Les contrats de figurants manquent de clarté quant à la durée de stockage des images et à leur finalité, ce qui pose des problèmes du point de vue légal.
Face à ces préoccupations, nous proposons certaines mesures pour réglementer cette pratique. Les figurants pourraient ajouter des clauses à leurs contrats pour protéger l’utilisation de leur image. Les producteurs se disent prêts à travailler sur des moyens de formaliser ces pratiques et d’améliorer la transparence.
En fin de compte, la vraie menace pour les figurants ne vient pas de la duplication 3D, mais de l’intelligence artificielle. Alors que la technologie continue de progresser, il devient de plus en plus coûteux de recourir à des acteurs réels plutôt qu’à des acteurs générés par l’IA. L’industrie cinématographique, tout comme les syndicats et les régulateurs, doit maintenant trouver un équilibre entre l’innovation technologique et la préservation des métiers traditionnels. Malgré ces défis, il est peu probable que la figuration disparaisse complètement, car certains aspects du métier, tels que les scènes en premier plan, continueront d’exiger la présence d’acteurs humains pour maintenir la qualité et l’authenticité des productions cinématographiques.
Eviter la fin des figurants via la duplication 3D ou scanner en réglementant !
La duplication 3D ou scanner des figurants peut rapidement devenir un danger pour le métier d’artiste de complément. Il faudra que l’union européenne, la France, la CNIL, les syndicats se concertent. Notamment pour réglementer l’utilisation de l’IA !
Enfin un autre article intéressant sur l’acteur Samuel Lee Jackson. Celui-ci s’inquiète notamment de l’utilisation de l’Intelligence Artificielle à Hollywood. Vous trouverez aussi sur la toile de nombreux articles sur le sujet. Nous espérons vous avoir en outre suffisamment éclairé.
Notre politique sur castprod.com : Nous appliquons le principe de précaution !
Certains réseaux très connus et dits professionnels décident de diffuser des offres destinées à des entreprises américaines avec le message d’avertissement suivant : Si vous êtes inscrits sur ces réseaux vous avez du recevoir l’offre dans votre boite mail.
« Cette annonce peut intéresser celles et ceux en besoin urgent de cachets pour leur intermittence.
Cependant, nous gardons en tête la finalité de ces séances de motion captures et de l’Intelligence Artificielle qui, à terme, pourrait remplacer les comédien(ne)s en chair et en os.
Chacun selon ses besoins et sa conscience ! »
Pourtant l’annonce du casting précise bien que, nous citons :
« Contexte : Pour la constitution d’une banque de données de mouvements, destinée au travail de recherches (sic!) autour de l’Intelligence Artificielle. Le client est une grosse entreprise américaine de services technologiques. Je cherche des gens, comédien ou non, pour une demi-journée de tournage en Motion capture. »
Grosse entreprise américaine = gros budget de quoi justifier la diffusion. Nous vous laissons seuls juges !